Morgane Ischer | Artiste
À travers deux séries récentes, Morgane Ischer interroge les formes possibles de résistance : certaines silencieuses, d’autres enflammées, mais toutes ancrées dans une remise en question des rapports de domination.
Oreillers de paresse propose une vision intime et politique du repos. Cette pièce est issue d’une série de quatre monotypes représentant des corps en pause, suspendus hors du tumulte. Dans un monde saturé, polarisé, en tension constante, Morgane Ischer choisit de faire l’éloge de la lenteur comme forme de résistance. La paresse y devient un geste subversif, un refus de l’efficacité imposée, une manière de préserver ce qui compte. Se retirer, reprendre souffle, ne plus produire : des actes simples, pourtant profondément politiques.
Le monotype, par sa technique même — impression par pression d’une feuille sur une surface encrée, avec une pointe, les ongles, la main — convoque le hasard, la perte de contrôle, la surprise. Chaque couleur y est travaillée séparément, révélant un goût assumé pour l’imperfection et l’inattendu.
Ce rapport au risque et au défi technique se retrouve dans la série de voitures en feu, réalisée en linogravure en réduction. Quatre passages successifs d’encrage qui composent une scène de soulèvement. Ici, la colère éclate. Le feu, la combustion, deviennent signes visibles de tensions plus profondes et rappellent des scènes de révolte.
Formée à l’EDHEA puis à la HEAD en pratiques artistiques socialement engagées, Morgane Ischer travaille volontiers en collectif. Elle collabore régulièrement avec des associations et collectifs œuvrant pour la justice sociale et la participation culturelle, notamment avec Destination vingt-sept, association de médiation culturelle engagée pour un accès de touxtes à la vie culturelle. Elle manifeste aussi, drapeaux en main, peints en hommage aux victimes de féminicides, avec le collectif Offensive contre les féminicides. Pour elle, la pratique artistique s’énonce autant dans les espaces d’art que dans la rue, elle se trouve donc très bien dans La Vitrine de l’avenue de Morges !